40, Avenue de la Liberté - Domaine Le Menn/Beaufoy - Fédération de Froce et de Madagascar (2025)

29/12/107.
/!\ Attention : Moment "d'émotion" qui peut être dur à lire. Je vous conseille de le faire si vous vous sentez bien. Tout ce qui est décrit ici n'engage que moi et mon imagination. Merci à Gav pour m'avoir permis d'ajouter son personnage, Valentin Ravolo à ce RP. /!\

Depuis quelques mois, l'état de santé de Louis-Damien s'était encore dégradé. Il avait du mal à tenir debout et à marcher. Alors il restait assis sur son fauteuil roulant entouré des siens. Aujourd'hui pourtant, le vieil homme ne voulait pas rester sans rien faire. C'était son anniversaire. Encore une année au compteur... la dernière, il le savait. Non, il le voulait. Autour de lui, il ne cessait de dire qu'il arrivait au bout du chemin. Quand il s'exprimait ainsi, les gens pensaient qu'il déprimait quelque peu. Pourtant, ce n'était rien d'autre que de la lucidité. Il savait qu'il allait bientôt mourir. Un insuffisance cardiaque, ça ne pardonnait pas. Son intuition le lui disait et son esprit en prenait pleinement conscience, depuis de longs mois.

En était-il secoué ? Non. Tout dans son attitude démontrait la plénitude, la sérénité. Il n'y avait plus qu'à attendre et à profiter des derniers instants. Sans doute les meilleurs de sa vie, car il n'y avait plus d'angoisse, ni même d'inquiétude. Tout prenait un autre sens. Le temps se distendait. Il flottait, comme si, près de la fin, il ralentissait lui aussi pour laisser place à la léthargie. Depuis sa sortie de l'hôpital, Louis-Damien avait fait plusieurs malaises, plusieurs chutes. Il ne pouvait plus aller dans son jardin pour s'occuper de ses fleurs. C'était un jeune homme qui venait s'en occuper pour lui. Son quotidien se limitait à se lever, avec l'aide d'un kiné, d'une aide soignante et à rester assis ensuite avant de se remettre au lit. Avec tendresse, il se souvenait de ce lit désormais trop grand pour lui et trop froid. Hélène lui manquait terriblement, de plus en plus. Le sommier était surement un peu dur, mais il souriait à repensant en silence, au nombre de fois où ils avaient du le renforcer. La vigueur de la jeunesse, un autre temps...

Quelques jours plus tôt, il s'était rendu au cimetière, pour se recueillir sur la tombe de sa femme, Hélène. Après avoir demandé à être seul, il lui confia que dans quelques jours, si Dieu le voulait bien et si la mort acceptait de le prendre, il l'y rejoindrait. Ensuite, et malgré les réticences de ses propres il exigea de se rendre au Panthéon pour aller se recueillir devant la magnifique stèle de Christian Valmont. Il prit le temps d'en admirer la finition avant de rentrer chez lui. L'aller-retour entre Vauxin et Aspen le fatigua tellement, qu'il demanda à être couché sans avoir mangé son repas du soir.

Car oui, d'ordinaire, son entourage se relayait pour le faire manger, car l'appétit lui manquait parfois. Et tous les jours, les gens insistaient pour qu'il prenne ses médicaments. Ces pilules dégueulasses qu'il abhorrait désormais. Il avait décidé, depuis le début de la semaine, d'arrêter de les prendre. Il en avait déjà bien assez avec sa bonbonne d'oxygène ! Tous les matins, quand l'infirmière passait, il profitait d'un instant d'inattention pour faire semblant de les prendre, avant de les jeter dans la cuvette des toilettes et de tirer la chasse. Ce poison qui le maintenait en vie, il n'en voulait plus. Il aspirait au repos, à la dernière danse, avec la mort. Et il était curieux. Il avait tout connu : la dictature, la démocratie, la paix, la politique, les voitures, les enfants, les petits enfants, les arrières petit-enfants, l'amour, l'amitié, la solitude, le succès... mais qu'était la mort au juste ? Est-ce qu'il existait quelque chose après ? La Torah disait que non. Seulement, qu'est-ce qu'un livre écrit par des vivants il y a des millénaires pouvait bien connaitre de l'après ? Pas grand chose. L'homme était un ignorant perpétuel et éternel. Il s'entichait d'histoires propres à le rassurer, sans jamais admettre sa méconnaissance de l'univers tout entier.

Pas question de rester assis dans son salon, à écouter en boucle tout la musique qu'il aimait, à écouter les histoires de ses arrières petits enfants, qu'il peinait parfois à suivre parce qu'ils parlaient trop vite, que son cerveau n'était hélas plus aussi agile qu'avant et qu'en plus il devenait sourd. Ce matin-là, lorsqu'il s'était réveillé, il sut qu'il entrait dans un dernier tour de piste. La force de la nature qu'il était, résilient au temps, résistant aux coups durs, cette "vieille carne" diraient certains de ses vieux ennemis, s'ils étaient encore vivant, écrivait le dernier jour de sa vie. Il en était intimement persuadé. Mieux, il l'espérait, il le désirait. Et pourtant, en le voyant si bien portant, si galvanisé, au dîner, tout le monde pensa que les quelques jours difficiles traversés n'avaient été qu'une fausse alerte. Que le vieux chêne reprenait un peu du poil de la bête et allait encore offrir une année supplémentaire. Pas Louis-Damien. A son âge, après avoir tant vécu, il savait que le corps mobilisait toute son énergie dans un dernier sursaut face à la mort. Il ne restait vivant que pour s'offrir son apothéose.

Il exposa son programme de la journée, parce qu'à jour exceptionnel, il voulait des choses exceptionnelles. D'abord il commencerait pas rendre visite aux bénévoles de l'association créée par Amandine Smith, pour les encourager et prendre des nouvelles. Il irait probablement serrer quelques mains aux locataires qu'il avait recueillis dans son manoir. Ils partageaient son quotidien depuis tant d'années. Ils lui étaient reconnaissant pour son geste désintéressé et en même impressionnés par sa forte personnalité. Louis-Damien les invitait régulièrement à dîner. Et il faisait toujours tout pour leur confort. Ce jour n'y ferait pas exception. Quelques invités figuraient sur la liste, des personnes qui comptaient dans sa vie, comme Pierre Ladan ou encore Gaspard Salcedo.

16 heures. Ses invités étaient partis, pour le laisser se reposer, car il manifestait des signes de fatigue. Il était temps de s'offrir un dernier cadeau. Il prit son téléphone sur sa table de nuit et composa, non sans difficulté, le numéro de Valentin Ravolo.

- Bonjour Valentin... je suis prêt pour ce dont nous avions parlé. Venez me chercher dans une heure.

Quelques mots, simples, mais qui lui redonnèrent de l'énergie. Il était déjà habillé, alors il se leva de son fauteuil, en s'aidant de sa canne. Ses jambes tremblaient, mais cela s'estompa un peu, tandis qu'il mettait un peu d'ordre dans sa chambre. Il s'assit devant son secrétaire et commença à écrire une courte lettre, qu'il laissa en évidence. Mine de rien, ce qui prendrait quelques minutes à chacun, lui mangea quasiment toute son heure. Valentin débarqua. Il lui adressa un sourire, reconnaissant. Ce qu'il s'apprêtait à faire était courageux et il fallait une volonté d'acier pour ne pas hésiter à agir. De toute évidence, une complicité avait pris le pas sur toute raison.

Aidé par Ravolo, Lacroix monta dans sa voiture. Ils mirent le cap vers le circuit de course. En découvrant sa belle Nissan Skyline bleue, qu'il avait tant bichonné, Louis-Damien laissa couler les larmes. Il se leva et en fit le tour, en touchant la carrosserie de ses mains tremblantes, visiblement ému. Autour d'eux, quelques pilotes qu'il avait sponsorisés. Tous partagèrent cette intense émotion avec lui. Tous furent surpris lorsqu'il retira son oxygène, qu'il ouvrit la portière et qu'il s'installa sur le siège passager, en lançant :

- C'est l'heure du tour de piste Valentin !

Ce dernier eut un sourire et se mit au volant. Les autres parurent médusés, mais ils ne bougèrent guère. Le supercentenaire sortit un CD du vide poche. Elvis. Toujours. Le moteur démarra et Louis-Damien tapa dans ses mains, comme un enfant surexcité. Valentin appuya doucement sur l'accélérateur. Le petit bijou de voiture était nerveux, comme toujours. Il y alla donc avec prudence. Ils firent plusieurs tours de piste, à une vitesse normale, s'offrant quelques légères pointes de vitesse. Le vieil homme éprouvait un peu de difficultés à respirer. Il sentait une pointe au niveau de sa poitrine, alors que son coeur battait plus vite. Malgré cela, il lança à Valentin :

- J'ai fait monter ce bijou à 310 km/h en ligne de droite ! J'ai cru qu'elle allait exploser entre mes mains tellement qu'elle vibrait ! Tu peux quand même mieux faire ! Je ne suis pas venu là pour me promener comme dans un manège !

Cela déclencha un éclat de rire. Valentin accéléra. Enfoncé dans son siège, compressé par cette poussée, Louis-Damien se mit à sourire. Un sourire enfantin, comme du temps de sa jeunesse, un sourire heureux qui illuminait son visage ravagé par les rides. La douleur dans sa poitrine se fit plus présente à mesure que son rythme cardiaque s'accélérait. Cela dura cinq minutes, environ. Alors qu'ils attaquaient un dernier tour et une pointe à 270 km/h, il sentit l'étau dans sa poitrine se resserrer et l'air lui manquer. La chanson "Bridge over troubled water", reprise par Elvis commença.

Voilà... c'était comme une évidence. La dernière mélodie qu'il entendrait. Valentin sembla s'inquiéter un peu de son état mais Louis-Damien lui demanda d'accélérer une dernière fois. Calé contre son siège, il esquissa un sourire, le dernier en prononçant :

- Merci... Valentin... Ce que... la vie a été... belle ! J'arrive, Hélène...

Dernières paroles. Il ne dit rien de la douleur qui lui transperçait le cœur. Il ferma les yeux. Les battements irréguliers et douloureux de son palpitant ralentirent avant de se taire définitivement. Dernier râle, qui alerta Valentin. Puis il ne respira plus. Dernières convulsions incontrôlées. Son cerveau cherchait en vain à vivre encore un peu, par pur réflexe. Mais désormais, peu lui importait tout le tumulte qui en découla. Il n'avait plus conscience de la totalité des choses. Son esprit, privé d'oxygène, partit dans les limbes. Hélène, sa belle Hélène... Dernière vision de son visage si souriant et de ce regard de braise qui l'avait tant séduit. Là où il finirait, il la retrouverait, ça il en était certain. Le blanc qui l'entourait s’obscurcit doucement. Tout devint plus brumeux encore. Il sentit qu'on le secouait, qu'on le déplaçait peut-être ? Dernier toucher. Quels gris magnifiques. Alors c'était ça mourir ? C'était juste sublime... tant de teintes ! Dernière vision. Peu à peu, tout ce qui le rattachait au monde extérieur s'effaça. Hélène... Ce fut sa dernière pensée. Enfin, tout devint noir. Dernier soir. Fin d'une longue, belle et heureuse vie.

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Author: Velia Krajcik

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